Ce royaume sans roi ni reine, sans péage ni infrastructures, se niche à 1700 m d’altitude, à cheval entre la France et l’Espagne. D’un côté, la vallée d’Ossau avec Laruns et de l’autre la Tena avec Sallent de Gallego.

En plein cœur du Parc National , ce site hors du commun possède en main toutes les cartes d’un poker gagnant.

De la neige, du dépaysement et la gratuité. Denrée rare aujourd’hui !

Pour accéder à Anéou, il faut depuis Laruns, remonter vallée d’Ossau, passer Gabas, Artouste, puis le lac de Fabrèges.
Jusque-là rien. Une vallée de montagne comme les autres.
À Pont de Camps, la vallée se fait plus riante. Une ambiance lumineuse commence à se faire ressentir.
Le gave du Brousset dévale gaiement de la montagne.
Quelques paravalanches récemment construits ont pour but de sécuriser la route en hiver afin d’attirer les skieurs espagnols sur les pentes d’Artouste.
À Soques, le Pic du Midi d’Ossau se laisse fugacement entrevoir.
Après le défilé de Tourmoun c’est le choc.
Le paysage jusqu’alors fermé, s’ouvre d’un coup.
Le soleil inonde l’habitacle. Un cirque épanoui s’offre au regard.

On écrit Anëu. Étymologiquement, ça signifie neige en patois local. Le tréma indique qu’il faut séparer les deux voyelles. Pour faire du pays, prononcer Anéou en appuyant sur le « é ».

Il faut dire que le site ne manque pas de cette matière première touristique que d’aucuns appellent l’or blanc.

L’hiver, Anéou prend la neige des deux côtés

Celle qui vient du nord par la France vient s’ajouter à celle qui vient du sud par l’Espagne. Ce n’est pas la même.
Une orientation particulièrement favorable lui permet de la conserver.

Son destin a failli basculer au tournant des années 75.

À cette époque, élus et aménageurs de tout poil voyaient des pylônes et des remontées mécaniques dans tous les recoins des Alpes et des Pyrénées.
Un projet de station a Anéou germe dans toutes les têtes.
« Manque de pot », le Parc National naissant venait d’intégrer Anéou dans son périmètre. Qu’à cela ne tienne, un coup de plume au ministre aurait suffi à le déclasser. Une simple procédure administrative conjuguée à un bonne couche de lobbying. Croyait-on !
Le contexte n’était pas favorable. On était en pleine guerre de la Vanoise où un projet similaire de déclassement venait de se solder par la victoire des écolos.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la frontière, nos amis espagnols, moins gênés aux entournures ont créé la station de Formigal sur un site jumeau.

Depuis lors, Anéou est devenu une « station informelle » dévolue à la pratique de la raquette, du ski de fond ou de randonnée.
Ici, aucun employé, aucun accueil, nulle piste tracée. Point de péage encore moins de buvette, mais du monde partout.

À Anéou, la pratique de la raquette est libre comme l’air.

Personne ne feint de s’en occuper. L’écueil des pouvoirs publics serait de tomber dans la réglementation tatillonne des stations de ski. Administrativement Anéou n’existe pas !.
Alors que d’aucuns s’époumonent à communiquer, Anéou fait le plein sans tambour ni trompette. En week-end et pendant les vacances, on s’y presse de toute part. Surtout quand l’enneigement est défaillant ailleurs, il est toujours excellent à Anéou.
On se gare le long de la route. Passé « le petit pont de bois qui franchit la rivière », de nombreux itinéraires partent en éventail : le pic de Canaourouye, le col de Liou, le col d’Anéou ou de Bious.

Aucune avalanche n’est à craindre. L’inclinaison des pentes n’est pas suffisante.

Que le brouillard advienne à monter, direction le col du Pourtalet tout proche. De nombreuses ventas attendent le chaland de pied ferme. Au col, l’hôtel-restaurant du Pourtalet vient de rouvrir ses portes. Il est dans la famille Casadebaight depuis près d’un siècle. La benjamine Alexandra a repris le flambeau.

C’est lieu de séjour idéal pour partir raquette au pied.

hôtel Pourtalet

Hôtel du Pourtalet

L’été, Anéou n’est pas en reste. C’est le point de départ vers le refuge de Pombie et la mythique ascension du Pic du midi d’Ossau.
C’est aussi le lieu d’une intense activité pastorale.
On peut y acheter du vrai fromage des Pyrénées directement chez les bergers et le consommer sur place. Le plus court chemin du pis de la brebis à l’estomac du randonneur sans passer par l’assiette.

Par Gérard Caubet

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