Ne cherchez pas le Golfe Antique, il n’est pas nommé sur les cartes. Pour le trouver, Il faut questionner l’histoire.

Dans l’Antiquité, les étangs Bages-Sigean, de l’Ayrolle, et de Gruissan constituaient un golfe ouvert sur la mer jusqu’au XIV° siècle où le fleuve à capricieusement modifié son cours. La face de la région s’en est trouvée changée. Aujourd’hui le golfe antique n’est qu’un souvenir, il est partie intégrante du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise Méditerranée et offre de nombreuses randonnées avec les Pyrénées en toile de fond.

A l’époque romaine la Narbonnaise était une colonie peuplée de légionnaires reconvertis à l’agriculture. Tous les survivants d’un service militaire à rallonge recevaient un lopin de terre en remerciement de leurs bons et loyaux services et en compensation de quelques « coutures au pilum » dans l’épiderme.
Le paysage qu’ils avaient sous les yeux était totalement différent de celui qui s’offre aux yeux du touriste d’aujourd’hui.

Narbo Martius (Narbonne), était alors un port florissant sur l’Atax, nom romain de l’Aude.

Les étangs étaient reliés entre eux et constituaient un golfe ouvert sur la Mare Nostrum, sorte de « piscine privée » dont Rome contrôlait toutes les rives.
Le business ne sera troublé qu’à la marge par les invasions wisigothiques, arabes puis franques.
Tout va bien dans le meilleur des mondes (pour l’époque), jusqu’en ce jour funeste d’octobre 1316 ou l’Aude, changeant de cours va du même coup infléchir celui de l’histoire.
Ce jour-là, la pluie devait tomber en trombes sur le Capcir où elle a sa source. Un maelström liquide et boueux déferle sur la Narbonnaise.
L’Aude change brusquement de direction et abandonne définitivement Narbonne. Stupéfaction, le port est à sec. Le creusement du canal de la Robine est engagé pour réhabiliter le trafic maritime. Peine perdue, une lente décadence de la ville et de toute la région s’amorce malgré les travaux. Le port s’ensable, les accès maritimes à la mer se ferment et le golfe devient lagune.

Le paysage actuel se met en place. Quelques mètres suffisent pour quitter la garrigue et mettre les pieds dans l’eau.

La Clape et les Corbières ceinturent les étangs. Les vignes ont pris possession des versants. Une couronne de roseaux et de joncs s’interpose entre l’eau et la terre ferme. Ils sont autant de refuges pour les oiseaux sédentaires ou migrateurs qui affectionnent les vasières particulièrement riches en nourriture.
Seuls d’étroits chenaux appelés « graus » ouvrent les étangs sur la mer. Ils permettent à l’anguille de remonter dans ces eaux saumâtres où elle se complait. Devenue adulte, elle repartira pour un long voyage sans retour vers la mer des Sargasses. Elle s’y reproduira à moins que le cycle immuable de la nature ne s’arrête dans une assiette de persillade.
De quelque endroit où on se trouve, le complexe portuaire de Port la Nouvelle n’échappe pas au regard. Il dénote dans le paysage mais n’est pas dénué d’intérêt. Il faut y pénétrer et déambuler dans la ville pour en découvrir les charmes.

D’importants complexes touristiques à forte capacité ont été construits sur le cordon littoral.

C’est un autre monde. La plupart des plagistes ne vient pas ici pour admirer la parade nuptiale du grèbe huppé. Le bronzing est roi.

L’avenir du golfe antique se joue dans le tourisme de nature. Il est englobé dans le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée. Au delà de la protection des milieux, le parc à vocation de faciliter la découverte. De nombreux sentiers balisés font le tour des étangs et des villages. Des « aménagements lights » ont étés entrepris comme par exemple le sentier sur pilotis de Peyriac qui permet de parcourir à pied sec l’ancienne saline.
La vocation du parc régional est également de soutenir les activités traditionnelles.
La population a longtemps vécu de la pêche et de l’extraction du sel. Mis à mal par la modernité, ces métiers traditionnels continuent tant bien que mal à subsister et il est toujours possible de déguster une Bourride d’anguilles, le plat traditionnel des pêcheurs narbonnais dans les petits restaurants du coin.

Par Gérard Caubet

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