Le randonneur en Pays basque ne doit pas manquer de jeter un œil par dessus le mur des cimetières rencontrés au hasard des chemins.

A côté des croix classiquement juchées sur les pierres tombales, il peut s’intriguer de monuments funéraires en forme de disques surmontant un socle trapézoïdal.

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Ces stèles discoïdales sont une curiosité du Pays Basque. Ici, on les appelle hilarri, de hil « mort » et arri « pierre ».
Les plus anciennes, fichées à même la terre, sont antérieures au XVI° siècle. Au XIX°, leur usage tend à diminuer au profit de la croix latine jusqu’à presque disparaître.

Aujourd’hui elles reviennent au goût du jour.

La tombe discoïdales agit comme un marqueur identitaire.

Manière pour le défunt d’affirmer sa basquitude, au delà de la mort.
Le disque est souvent orné de la croix basque (lauburu) signifiant « à quatre têtes ». Certaines donnent à voir des figures géométriques ou des représentations végétales.

D’autres plus rares affichent les outils supposés représenter la profession du défunt. Ce qui fait appeler parfois ces pierres « tombes de métiers ».
Le nom du défunt est rarement mentionné. Parfois figure le nom de la famille.

Elles sont plantées en terre, à la verticale de la tête du mort dont le corps est orienté face au soleil levant.
D’aucuns y voient un aspect anthropomorphe, le disque figurant la tête et le socle le corps.

Pour l’anecdote, un document d’archive du pays de Foix datant du XV° siècle, rapporte que quelques petits malins, déplantaient les stèles pour en faire des meules à grain « viste heytes et pla foutudes » (du gascon= vite faites bien faites).

Au risque de décevoir les intéressés, les tombes discoïdales ne sont pas l’apanage du Pays Basque.

On en trouve ailleurs en France mais aussi au Maghreb, en Syrie, Suède, Italie, Espagne, Portugal‪, Turquie, Russie, Bulgarie et même Norvège‪.

Une hypothèse hardie établit un parallèle entre les vielles stèles discoïdales du Lauragais berceau du catharisme et la Bulgarie où elles sont particulièrement nombreuses. Elles seraient la preuve que les Bogomiles bulgare auraient inspiré le catharisme. A ce jour, aucune confirmation ne vient étayer cette thèse.

Au cours des randonnées Balaguère, les accompagnateurs ne manqueront pas de vous signaler les tombes discoïdales qui émaillent les chemins.

Les plus connues et certainement les plus anciennes, entourent l’église de Sainte Engrâce au fin fond de la Soule : Basaburia Haute Soule.

Celles de la chapelle de Soccori (thalasso saint jean de Luz, sont « encore occupées »). De nombreuses randonnées au départ ou autour de saint jean de Luz y font étape : Côte Basque de St Jean de Luz à Zumaia ou Thalasso Saint-Jean de Luz.

Pour en savoir plus, un centre d’interprétation des stèles discoïdales est visitable à Larceveau sur le chemin de Saint jacques par la voie du Puy.

À côté de ces stèles discoïdales, on retrouve également dans les cimetières basques des stèles tabulaires encore plus anciennes, vraisemblablement héritées d’avant la christianisation. Mais elles sont rarissimes.

Par Gérard Caubet

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