Non loin de Gavarnie, se trouve un autre amphithéâtre qui, sans avoir la renommée de son célèbre voisin, s’enorgueillit néanmoins d’être l’un des plus vastes d’Europe. Au Quaternaire, les glaciers et l’eau ont sculpté ses parois dont certaines atteignent plus de mille mètres de hauteur. Troumouse, c’est l’un des fleurons du Parc National des Pyrénées : une immense arène de 11 km de circonférence et de 4 km de diamètre !
Si une route à péage permet d’accéder à l’entrée du cirque, c’est à pied depuis Héas qu’il faut le rejoindre pour mieux appréhender, au rythme de ses pas, sa découverte et son immensité.
Une randonnée bien évidemment inscrite au catalogue de la Balaguère.
Héas est un hameau isolé que l’on atteint depuis le village de Gèdre, lui-même situé sur la route qui mène de Luz-Saint-Sauveur à Gavarnie. Le lieu possède une chapelle – Notre-Dame de Héas – qui fut emportée à deux reprises par l’avalanche : le 10 février 1600 et le 23 janvier 1915. Mais à chaque fois, elle fut reconstruite et demeure aujourd’hui encore, le jour du 15 août, un haut-lieu de pèlerinage.
Un petit effort pour une grande récompense
La balade commence en douceur, le long du gave des Touyères. Très vite, les marmottes se montrent et animent le paysage. Puis le cheminement se fait plus raide, et déjà, au détour d’un lacet, au milieu des asphodèles, le regard savoure un morceau de la couronne du cirque. Encore un effort et c’est presque toute l’arène qui se dévoile une fois arrivée à la cabane des Aires. Le point culminant de cette enceinte circulaire parfaite se nomme le Pic de la Munia. Avec ses 3132 m, il domine très légèrement ses congénères. Le petit glacier qui lui est associé ne mesurait plus que 4 hectares lors du dernier relevé de 2011 réalisé par Moraine, l’association pyrénéenne de glaciologie. Sous le Pic de Troumouse une curiosité géologique attire l’œil : un duo de monolithes calcaires d’une quarantaine de mètres de haut, dénommé les « Deux sœurs ».
Des pâturages servis sur un plateau
Depuis la cabane, à 2120 m d’altitude, s’étendent les vastes prairies du cirque, parcoures par de petits ruisseaux qui se jettent dans les lacs des Aires. La tradition pastorale y est encore bien présente et les troupeaux de vaches – principalement des Blondes d’Aquitaine – et de brebis trouvent là une nourriture riche et abondante.
La randonnée se poursuit en direction des lacs jusqu’à la vierge de Troumouse qui offre assurément, après une courte montée, la meilleure vue sur le cirque. Elle fut édifiée en 1900, pour « protéger » les pâtres des dangers de la montagne.
Un contemporain de l’époque des dinosaures
Parmi toutes les espèces sauvages qui fréquentent les estives, il en est une particulièrement rare et curieuse, présente sur terre depuis des millions d’années : l’Euprocte des Pyrénées, un triton d’environ 15 cm de long, à la peau souvent rugueuse et cornée. Excellent indicateur de la bonne santé du milieu, il aime les cours d’eau à débit faible mais bien oxygénés et froids… comme ceux de Troumouse. Carnivore très actif, il se nourrit uniquement de proies aquatiques. L’hiver, il hiberne dans des trous, le long des berges.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO
Troumouse, avec Estaubé et Gavarnie, fait partie d’un ensemble de trois cirques inclus dans un vaste espace transfrontalier appelé par l’UNESCO « Pyrénées Mont Perdu, pays de cirques et canyons ». Ce territoire a été labellisé en 1997 pour ses paysages naturels et sa richesse culturelle. Un territoire d’une extraordinaire diversité « exploré » par la Balaguère pour le plus grand plaisir des randonneurs…
Par William Boinot
Concepteur-rédacteur et Journaliste