En remontant le Val d’Aran, on s’aperçoit rapidement qu’il ne s’agit pas d’une vallée pyrénéenne tout à fait comme les autres.
La rando, le ski et les boutiques duty-free cohabitent en bonne intelligence !
Les villages s’égrènent en chapelet sur les versants. En général au soleil.
La plupart sont joliment restaurés voire certains créés de toute pièce sans que la rétine s’en trouve choquée. On sent qu’ici l’argent ne fait pas défaut. Le roi d’Espagne a ses ronds de serviette à Baqueira Beret dont il dévale les pistes tout shuss. Ceci explique cela !
Le fond de vallée jusqu’à Bossóst a des allures de vaste supermarché dont les rayons regorgent à foison d’apéros et de cigarettes en détaxe.
Malgré un développement du tourisme orienté vers le ski, le Val d’Aran a su conserver un magnifique réseau de chemins traditionnels reliant entre eux villages et estives.
On peut y marcher toute l’année sauf en cas d’enneigement excessif.
Le val d’Aran est traversé par un chemin de St jacques appelé « el paso aranes ». Il relie le chemin du Piémont et le camino de Sant Jaume par le port de Vielha, Roda de Isabeña et Barbastro.
Le massif des Encantats est sans conteste le spot le plus parcouru des randonneurs. Il borde la rive droite de la vallée entre la Bonaigue et le port de Vieilha. Seul le versant Nord est Aranais.
On peut y accéder au départ d’Arties ou de Tredos.
Les randonneurs ayant déjà marché dans le Néouvielle, trouveront dans les Encantats un petit air de déjà vu. Et vice-versa !
De l’eau partout, des pins, des tourbières et des lacs que dominent des pics granitiques désossés par les glaciers. De nombreux refuges, Colomers, la Restanca, Ventosa Calvell, Saboredo, Mallafré, Amitges, en facilitent l’accès. Ils permettent de faire le tour des Encantats sans descendre dans la vallée.
Les traditions festives du val d’Aran sont autant d’occasions pour la communauté de se ressouder.
Lors de la semaine sainte à Bossóst, les acteurs de la passion du Christ sont des enfants. Ils défilent en tête de la procession chargés de chaînes, portant la croix sur leurs frêles épaules et leur tête juvénile ceint de la couronne d’épine.
Le village de Montgarri abandonné depuis 1962 est célèbre pour ses deux pèlerinages annuels dédiés à la « Sainte patronne des bergers ». Autrefois, le curé de Salardú profitait de son passage au pla de Beret pour exorciser l’œil de Garonne considéré comme une porte de l’enfer.
Par un tour de passe-passe dont l’histoire a le secret, le val d’Aran est espagnol malgré une ouverture naturelle vers la France.
Il a changé de main à différentes reprises pour finalement acquérir un statut d’autonomie. Cette minuscule enclave est le seul territoire où l’occitan est langue officielle.
Ses différents patronymes témoignent d’un déchirement perpétuel entre forces politiques contraires de part et d’autre des Pyrénées. Selon l’endroit où l’on se trouve, on l’appellera : Aran, la Vath d’Aran, era Val d’Aran, la Vall d’Aran, el Valle de Arán.
Idem pour sa capitale Vielha, Viella i Mitjaran, ou Viella Mitg Arán ou tout simplement Viella, tout le monde comprend
Jusqu’au percement du tunnel de Viella, le val d’Aran était isolé de sa mère patrie une grande partie de l’année.
Le seul passage se faisait par le port de la Bonaigue, impraticable quatre à six mois par an pour cause de neige. Les aranais ont gardé de cet isolement une certaine forme d’indépendance et de fierté.
Les manuels situent les sources de la Garonne dans le val d’Aran à l’œil de Jupiter. Depuis que l’on sait qui ne s’agit que d’une résurgence du trou du toro en Aragón, les aranais n’ont cesse de répéter que les vraies sources se situent au pla de Beret, 100% chez eux. A chacun sa fierté !
Les ours semblent se plaire dans le Val d’Aran où de nombreuses observations ont été faites. Mal aimés côté français, ils ont ici transporté leurs pénates.
Par Gérard Caubet
Tous les séjours de La Balaguère dans le Val d’Aran.