Les Picos de Europa constituent la partie la plus connue de la chaîne cantabrique, laquelle prolonge les Pyrénées vers l’ouest.
Les scientifiques relient les deux montagnes dans un même et unique système qu’ils appellent Pyrénéo-Cantabrique.
Dans les temps géologiques, l’Espagne était collée à la Bretagne actuelle. Puis elle s’en détachât et se mit à pivoter, ouvrant le golfe de Gascogne, entre en collision avec l’Europe, créant par voie de conséquence les Pyrénées.

Au centre, le Narabjo de Bulnès – © Juan Lacruz
Pour atteindre les Pics d’Europe, il faut longer la côte atlantique en direction de Saint Jacques de Compostelle sur 300 Km.
Cet éloignement contribue à auréoler les Picos de Europa d’une part de mystère. Pourquoi cette montagne serait-elle plus Européenne que les autres ?
La croyance populaire fournit une explication plausible.
Il semblerait que les conquistadors espagnols de retour du nouveau monde, aient nommé ainsi les premières montagnes du vieux continent apparaissant à leurs yeux.
Entre montagnards, il suffit de dire « les Picos » et tout le monde comprend.
La randonnée proposée par La Balaguère visite la plupart des sites fameux qui font la réputation des Picos de Europa. Pour ne citer que les principaux Covadonga, Fuente Dé, les gorges du Cares, les lacs Enol et de la Ercina, etc.
Les Picos de Europa sont séparés de la mer par une étroite bande côtière où circule la route et le Camino del Norte, voie secondaire du chemin de St jacques.
Dans les Picos la roche est à vif. Le calcaire sculpté par l’érosion forme un paysage ruiniforme ne manquant pas de charme. Les sommets ressemblent à de nobles chicots dressés vers le ciel.
Au pied des crêtes déchiquetées, gisent des amoncellements de roches finement brisées. D’immenses cuvettes verdoyantes localement appelées « végas » donnent une touche de couleur en parfaite harmonie avec le gris de la roche.
L’herbe soyeuse des « vegas » est particulièrement appréciée des randonneurs à l’heure de la sieste.
L’eau est la grande absente des Picos de Europa. Sitôt tombée, la pluie s’infiltre dans les entrailles de la montagne. Elle en ressort à la faveur de maigres sources qu’il convient de ne pas rater.
Un réseau de refuge permet de randonner en altitude sans descendre dans les vallées. Le plus surprenant d’entre eux est le refuge Veronica construit à partir d’une tourelle de porte avion.
Les Picos sont classés Parc national depuis 1918.
Ils partagent avec les Pyrénées une faune et une flore commune.
L’isard appelé ici « rebeco » règne sans partage dans cet univers minéral. Il se laisse facilement observer en bordure des « végas ».
Les Pics d’Europe comprennent trois massifs entrecoupés de profondes entailles naturelles.
Le massif occidental appelé Cornión est séparé du massif central d’Urrieles par la profonde gorge du Cares. On ne peut la parcourir qu’à pied. Le massif d’Andara, troisième larron s’élève plus à l’est.
Du haut de ses 2648 M, la Torre Cerredo domine le tout. Elle précède de quelques mètres seulement la peña Vieja (2615 m). Par très beau temps, on peut apercevoir la mer.
Bien que d’altitude inférieure, le Naranjo de Bulnes (2519m) est la vedette incontestée des Picos de Europa. Sa silhouette en forme de pyramide tronquée le rend reconnaissable entre tous. On vient de loin pour l’admirer et se faire photographier à son pied.
Le 5 Août, 1904 trois hommes particulièrement couillus, réussissent sans artifice, la première ascension de cette forteresse d’aspect inexpugnable. Leur nom est inscrit en lettres d’or dans l’histoire de l’alpinisme.
La conquête du Naranjo de Bulnes n’est pas terminée pour autant. En 2009 est ouverte la voie « Orbayu » considérée comme une des escalades les plus dure du monde.
A quand la suivante ?
Les Pics d’Europe jouissent à tord d’une mauvaise réputation climatique.
Il se dit dans les couloirs que le temps y est toujours mauvais. Faux ! La proximité de la mer produit un climat doux en toute saison. Et il est vrai qu’une montée de brouillard vient souvent ponctuer les chaudes journées d’été. Rien d’imprévisible à cela. Le randonneur averti sait qu’il faut se lever tôt pour arriver à l’étape avant la brume. Seul le versant Nord est affecté par ce phénomène des entrées maritimes. Côté sud, l’air est plus sec.
Les Picos de Europa sont à juste titre fiers de leur histoire.
Elle remonte aux Wisigoths, barbares romanisés supplétifs de l’armée vers la fin de l’empire.
Lors de la chute de Rome, les Wisigoths chrétiens de rite arien s’installent en Espagne où ils coulent des jours heureux jusqu’en 711 quand une poignée d’arabo berbères fraîchement islamisés franchit le détroit de Gibraltar. Ils soumettent l’Espagne en quelques mois négligeant les Picos de Europa dans leur irrésistible avancée.
Une poignée de Wisigoths trouvent refuge dans les replis des Picos et forment un royaume ayant Cangas de Onís pour capitale. En 722, leur roi Pelage entreprend d’en découdre avec les envahisseurs. Il les défait à la bataille de Covadonga. Ce haut fait d’armes est attribué à l’intervention divine de la Vierge Marie. Il marque le début de la Reconquête.
Le roi d’Espagne porte le titre de prince des Asturies.
Le randonneur ne doit pas négliger de goûter à la gastronomie.
Comme dans tous les pays rudes, la nourriture est roborative. La « fabada » est le plat emblématique des Pics d’Europe. Selon les lieux, on la trouve accommodée à toutes les sauces sur une base de haricots blancs locaux, agrémentée de viande, de poisson ou de coquillage à mesure que l’on s’approche de la mer. La boisson asturienne est le cidre. On en trouve dans tous les restaurants et dans les llagares où il est fabriqué. Il est versé de très haut dans un verre unique que l’on se fait passer de main en main. Les Picos de Europa sont aussi le pays du fromage dont le fleuron est le fameux Cabrales à la pâte persillée.
Par Gérard Caubet