Depuis toujours, il y a deux Pyrénées. Celles du Nord et celles du Sud. D’un côté, dominent le vert des pâturages et des forêts profondes, l’influence océane, les lacs et les cascades. De l’autre, la chaude lumière d’Hispanie, et une vertigineuse beauté, qui, sous des cieux presque méditerranéens, donnent à toute escapade un air de vacances sitôt la frontière passée…

Parmi les merveilles naturelles du Haut Aragon deux profondes entailles, modelées par les anciens glaciers ou les rios, suscitent l’admiration…

Elles font partie du site Pyrénées – Mont Perdu, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. La Balaguère y  propose un voyage inoubliable, une traversée des canyons d’Ordesa au Cotiella.

Niscle, au cœur de la nature originelle

Ce canyon, le plus merveilleux des Pyrénées, se découvre par le haut ou par le bas. Paradoxalement, il est peu fréquenté et le tourisme de masse n’y laisse aucune empreinte.

Falaises de Niscle

C’est à partir du pont de San Urbez, atteint par la route depuis Escalona, que le randonneur pénètre dans cette gorge fabuleuse. Il remonte alors le cours du rio Bellos sur un sentier qui le conduira jusqu’à la résurgence de Fon Blanca, et par-delà vers le col de Niscle. Le parcours est un enchantement à travers une forêt primaire aux essences mélangées. Le vieux chemin surplombe par moment les eaux vertes du torrent. Puis de temps à autre, le regard contemple les parois et les vires où s’agrippe le pin à crochets. Le paysage change, et la sylve laisse la place aux prairies de la Ripareta. A partir de là, le cheminement, moins marqué, suit le lit du torrent à travers des massifs de buis. Parfois, il faut traverser le rio à gué. Enfin après 5 heures de marche, la superbe cascade de Fon Blanca, qui sourd de la montagne, est atteinte.

Une autre façon d’observer les fantastiques abysses de Niscle est de gravir les Sestrales, une montagne débonnaire qui longe les parois de l’immense et profonde faille. Il faut partir de Bestué, un village qui, comme bien d’autres, était il y a peu de temps encore quasiment abandonné. Aujourd’hui, après une restauration réussie de la plupart des maisons, le petit bourg montagnard aux cheminées aragonaises si typiques, s’anime à nouveau. Un peu en amont de Bestué, une piste carrossable de 9 kms conduit aux estives de Plana Canal. On peut aussi choisir de l’emprunter à pied à partir du village. Dans ce cas, il faut la rejoindre un peu plus haut, par un antique chemin qui offre de belles vues sur de magnifiques terrasses agricoles délaissées dans les années 50 et 60.

Depuis Plana Canal débute alors 1 h 30 d’un fantastique parcours avec des vues à couper le souffle et des moments intenses d’émotion devant le prodigieux spectacle que la nature nous livre : fajas et corniches aux formes anguleuses s’accrochent le long de parois abruptes de 700 m de haut !

Ordesa, le Colorado pyrénéen

Il y a au moins trois façons de rejoindre la vallée d’Ordesa.

La plus sportive, et peut-être la plus belle, consiste à franchir, depuis Gavarnie, la célèbre brèche de Roland à 2 800 m d’altitude. Il suffit ensuite de continuer vers le refuge espagnol de Goriz pour avoir à ses pieds l’immense faille géologique. C’est l’itinéraire proposé par La Balaguère dans sa randonnée de Gavarnie à Ordesa.

L’on peut aussi, toujours depuis Gavarnie, suivre le chemin qui depuis le col des Tentes passe au Port de Boucharo et arriver à Bujaruelo, non loin d’Ordesa.

Une autre possibilité est de s’y rendre par la route depuis la France en empruntant le col du Pourtalet ou le tunnel de Bielsa. Les deux itinéraires nous donnent rendez-vous au même point de départ : le  village de Torla, située tout à proximité du célèbre canyon. Cette petite cité aragonaise possède beaucoup de caractère, avec ses rues pavés de galets et ses maisons en pierre, ornées de blasons.

Depuis Torla, l’été, des navettes permettent aux randonneurs d’accéder au parking de la Pradera où débute la randonnée. A partir de là, un itinéraire en boucle permet d’admirer toute la magnificence d’Ordesa : ses murailles gigantesques entrecoupées de corniches suspendues, sa végétation audacieuse qui part à l’assaut des parois… et les turbulentes beautés aquatiques du rio Arazas. Parmi elles, les célèbres « Grados de Soaso », une succession de cascatelles avec le Mont Perdu en arrière plan.

Ordesa

Canyon d’Ordesa

Le sentier parcourt tout le fond de la vallée jusqu’au cirque de Soaso où vient se jeter la surprenante cascade de la queue de cheval. De Soaso, on peut atteindre le refuge de Goriz situé sur la voie normal du Mont Perdu. Sinon, le retour s’effectue par la fameuse « Faja de Pelay », une sente qui longe à mi-hauteur les escarpements méridionaux du canyon. Les vues plongeantes sur la vallée sont splendides… et plus encore une fois arrivé au mirador de Calcilarruego à 1930 m d’altitude. Il ne reste plus qu’à descendre par le très pentu sentier des chasseurs pour regagner le parking du départ.

Par William Boinot
Concepteur-rédacteur et Journaliste

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