Pour les randonneurs, les lacs d’Ayous sont au nombre de 4.
Soit, dans l’ordre où les découvrent les randonneurs venus du bas : Roumassot, Miey, Gentau et Bersau. Ils se déversent l’un dans l’autre à l’exception du Roumassot qui collecte toutes les eaux de ses confrères. Curieusement, bien que n’ayant pas d’exutoire, il ne déborde pourtant jamais. En cause, la présence d’une grotte dans laquelle s’évacue le trop plein. Il rejaillit 200 mètres plus bas après un parcours souterrain jamais exploré. Les géologues y voient l’empreinte des glaciers. Pour preuve, la présence de nombreux « dos de baleine », roches polies et repolies par le rabot glaciaire dont la forme longue et arrondie fait penser à des cétacés nageant en surface.

Le lac Gentau reflétant le Pic du Midi d’Ossau
Les pêcheurs dénombrent 6 lacs car ils y rajoutent ceux de Paradis et Casterau situés de l’autre côté de la crête. Les eaux d’Ayous sont réputées poissonneuses. Ce n’est ni le hasard ni la providence qui ont amené les poissons à cette altitude. Curieusement ce sont des bergers.
Sur une pierre gravée, fichée sur les rives du lac Roumassot on peut lire cette inscription : « Peuplé par Blaise avec 27 truites le 27 octobre 1860 ». Explication. En ce temps là le thermalisme était au faîte de sa gloire.
Toute la jet set parisienne et les nouveaux bourgeois que la révolution industrielle avait enrichis se donnaient rendez vous à Eaux Bonnes et Eaux Chaudes. Il était de bon ton d’y prendre les eaux, se montrer voire s’encanailler.
Pour ces têtes emplumées, la truite était un met de choix dont le prix dépassait du double celui du homard. Incroyable mais vrai ! Les lacs d’Ayous comme bien d’autres dans les Pyrénées se sont trouvés là une vocation de pisciculture naturelle.
Un siècle plus tard, dans les années 70-80 la randonnée est en plein boom. L’homo citadinus automobilis parisianus, découvre les bienfaits de la marche et reconnecte ses sens avec l’air pur et la nature. Le parc national des Pyrénées est créé.
Le coup de génie du Parc et non des moindres est de construire des refuges dans des endroits délaissés par les purs et durs de la montagne uniquement attirés par les sommets dépassant les 3000 mètres. En ce temps les seuls refuges existants, généralement gérés par le CAF, facilitaient l’accès aux grands massifs tels le Balaïtous ou le Vignemale.
C’est avec condescendance et une pointe de dédain, que ces inconditionnels de la haute montagne ont vu se construire des refuges comme Ayous, Arlet, Migouelou, les Espuguettes et Baroude.
Le refuge d’Ayous
Le refuge d’Ayous s’est trouvé au carrefour de plusieurs itinéraires emblématiques tel le GR10, la traversée du parc national des Pyrénées ou la haute route pyrénéenne de Georges Véron.
La voie d’accès naturelle au refuge se fait par Bious Artigues. La montée est facile mais sans plus. Durant tout le parcours, le pic du midi d’Ossau accompagne les randonneurs. Qu’une panne de moteur survienne, il suffit de poser les fesses sur le bord du sentier, de sortir la gourde, une barre de céréales et d’admirer Jean Pierre pour recharger les batteries.

Pause devant le Pic du Midi d’Ossau
La plus emblématique des randonnées est le tour des lacs d’Ayous. Il figure au top ten des randonnées pyrénéennes. Bien qu’il puisse se faire aisément dans la journée, le must est de faire étape au refuge d’Ayous. Les deux moments à ne pas rater sont le coucher de soleil et le lever du jour. Les vacanciers sont redescendus dans la vallée et une douce quiétude a pris possession des lieux. Au serein quand aucun souffle de vent ne vient rider la surface du lac Gentau, l’Ossau vient s’y refléter. Le balcon du refuge se remplit. Un vrai paysage de carte postale seulement troublé par le déclic des appareils photos et quelques murmures extasiés.
Même scénario au lever du jour. L’été, dans la journée, il arrive que le brouillard monte enveloppant le paysage d’un silence ouaté seulement troublé par le tintement des sonnailles et quelques voix qui s’interpellent dans le lointain.
En général, pendant la nuit, la brume se dissipe et au petit matin c’est le choc. L’Ossau, toujours lui, apparaît encore plus imposant.
Dernière photo dans la boîte à souvenirs, bouclage du sac, la journée s’annonçant belle, il est temps de partir.
Vous pouvez découvrir les lacs d’Ayous et dormir au refuge lors de la randonnée accompagnée de La Balaguère : Tour du Pic du Midi d’Ossau, pays des lacs et des bergers.
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Par Gérard Caubet