Vin pyrénéen par excellence, le jurançon est une curiosité en soi.

Il est entré dans l’histoire par Henri IV qui en reçut quelques gouttes en baptême sur ses lèvres juvéniles. Il ne pourrait être ce qu’il est sans la conjugaison de plusieurs facteurs dont l’intervention de la Balaguère à un moment clé de son développement.

Le vignoble de Jurançon, l’une des plus vieilles  AOC de France, est classé depuis 1936. Selon une légende tenace, Henri IV aurait été baptisé au moyen de quelques gouttes de Jurançon et une gousse d’ail. Ce mythe aurait pris naissance au début du XIX siècle pour la naissance du Duc de Bordeaux, par la Restauration en quête de lustre. Si le cours de l’histoire avait été différent, il aurait régné sous le nom d’Henri V.
Ainsi naît la légende.

Le terroir de Jurançon est situé entre Pau et les Pyrénées dans un paysage de collines arrondies aux formes suggestives de seins de femme.
Sur les flancs abrupts, les vignes sont conduites en hautain. Cette pratique est connue depuis l’Antiquité. Les arbres servaient de tuteur aux « lambrusques ». Aujourd’hui, ils sont remplacés par de hauts piquets. Les plants se trouvent ainsi protégés du sol et des gelées printanières à un moment crucial de leur développement.

La Balaguère, ce vent venu d’Espagne, est désignée par les climatologues sous le nom d’effet de foehn.

Après s’être débarrassé de son humidité lors du franchissement des Pyrénées, il s’engouffre dans la vallée d’Ossau. Parfois avec violence. Il se réchauffe alors par le simple effet d’augmentation de la  pression atmosphérique. Emportée par son élan, ayant gagné en volupté ce quelle a perdu en brutalité, la Balaguère vient caresser le vignoble de Jurançon situé à quelques encablures seulement du débouché de la vallée.
Son souffle tiède s’insinue entre les rangs de vigne judicieusement plantés à cet effet dans le sens de la pente en position d’abandon total à ses sensuels câlins.

La paternité de la Balaguère ne fait aucun doute.

Le vin de Jurançon ne pourrait exister sans son précieux effet. Ici le climat est doux, de type océanique, bien arrosé, mais sans chaleur excessive. Au fond, peu propice à la vigne.
Pour ces raisons, la Balaguère est l’auxiliaire précieux des vignerons béarnais.
En fin d’automne, alors que les premières gelées commencent à parer le vignoble de leur blanc manteau, la Balaguère est la seule source de chaleur dont peut disposer le raisin pour continuer sa maturation. Elle peut se prolonger jusqu’aux fêtes de fin d’année, et donner alors le précieux nectar des vendanges tardives.
C’est le phénomène du  « passerillage sur souche » grâce auquel les moûts, concentrés par évaporation, doivent titrer plus de 17 % de volume d’alcool potentiel pour obtenir le précieux sésame.

Par Gérard Caubet

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