« Il n’y a plus de Pyrénées ». Ces quelques mots, en forme de sentence définitive, sont attribués à Louis XIV.

Jusqu’alors, la frontière entre la France et l’Espagne était une vraie passoire.
En cause, les accords de « Lies et passeries » qui réglaient les usages et les communications entre communautés de part et d’autre des montagnes.
Il met fin à 8 siècles d’organisation territoriale héritée des Marches d’Espagne sous Charlemagne .
Depuis, la ligne de partage des eaux sert peu ou prou de séparation (à de nombreuses exceptions près).
Son article 42 donne le ton : « Les monts Pyrénées qui avaient anciennement divisé les gaules et les Espagne seront dorénavant la division des deux mêmes royaumes ».

Trois siècles et demi plus tard, le traité des Pyrénées est toujours en vigueur.

Les tractations préalables durèrent 3 ans.
Pour la phase finale, restait à trouver un lieu de réunion comme on dirait aujourd’hui.
L’île des faisans sur la Bidassoa est choisie pour mener les discussions.
Ce petit îlot indépendant présente toutes les garanties de neutralité.
Ne pas s’imaginer une simple réunion suivie d’un aimable gueuleton.
Deux ponts de bateaux permettent à ses messieurs de traverser à pied sec.
Un pavillon est dressé au centre de l’île.
À l’intérieur, 2 tables séparées par un espace symbolisant la frontière .
Pour mener les discussions à leur terme, les ministres Mazarin et Don Luis de Haro furent dotés des pleins pouvoirs par leurs monarques respectifs , Louis XIV et Philippe IV.
Arrivés sur place en grand appareil, les deux plénipotentiaires prennent respectivement leurs quartiers, chacun chez soi, à St jean de luz et Fontarabie .

Le décor étant campé, les discussions peuvent commencer.

Chaque délégation comprend 50 personnes.
Mazarin et Don Luis de Haro étant deux fins roublards, le moindre point de détail fait l’objet de nombreuses chicaneries.

Pas moins de 24 rencontres, en trois mois seront nécessaires pour aboutir à la rédaction des 124 articles de l’accord.

Ils ne se limitent pas à fixer la seule frontière entre les deux royaumes.
Mettant fin à la guerre de 30 ans entre la France et l’Espagne, le traité comprend plusieurs volets. Pour cette raison, le titre « Paix des Pyrénées » paraît plus approprié.
De nombreux articles fixent la restitution de territoires, comme le Roussillon, mais aussi l’Alsace. On y parle pêle-mêle du Portugal, du Val d’Aran, de Monaco, du Grand Condé, le prince félon, le 7 novembre 1659.

Pour sceller durablement la paix, il est également prévu de marier Louis 14 avec sa cousine l’infante d’Espagne Marie Thérèse d’Autriche.

La crainte des Espagnols étant de voir un jour, par le jeu des successions, le Roi soleil s’asseoir sur le trône à Madrid, l’infante renonce à tous ses droits sur la couronne d’Espagne.
Les deux fiancés se rencontrent chastement avec force protocoles sur l’île des Faisans.
Le mariage a lieu le 9 juin 1660 à St jean de Luz. Toute la cour est en déplacement. Contrairement aux usages de l’époque, la nuit de noce n’eut pas de témoins.

Malgré cela, la fixation intégrale de la frontière n’est pas réglée.

Le cas de la Cerdagne le sera par le traité de Llivia le 12 novembre 1660.
Les 3 traités de Bayonne (dit des limites) signés sous le second empire aboutiront au bornage de la frontière.
De nombreux points sont laissés en suspens, ainsi existent encore d’amusantes bizarreries comme le Pays Quint et bien d’autres.

Par Gérard Caubet

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