À voir en Aragon l’étrange « romeria de los langostos » d’Abizanda.
Le village d’Abizanda est visible à droite de la route Ainsa Barbastro le lac d’El Grado
Abizanda vit paisiblement sous la protection séculaire de sa tour, dans laquelle les historiens voient les vestiges d’un château primitif construit au XII° siècle.
Il sort annuellement de sa quiétude le dimanche le plus proche du 12 janvier.
Ce jour-là est célébrée la « « Romeria de los langostos », étrange rituel pré chrétien, où des insectes sont mis à contribution pour prédire les récoltes.
La veille déjà le village s’active autour des préparatifs, notamment la fabrication des « Tortas de la Caridad » (galettes)
Le matin de la romeria, tout commence par la montée en procession jusqu’à l’ermitage de San Victorian.
Pas moins de 1H 30 sont nécessaires pour effectuer le parcours.
Une fois la messe est dite, des draps blancs étendus à même le sol.
Les galettes sont amenées. Elles sont promptement découpées et empilées sur les draps.
Le curé, accompagné d’une femme portant une croix, s’approche et bénit les gâteaux.
Un moment passe.
Les insectes attirés par la perspective du festin accourent avec toute la vélocité permise par leurs petites ailes.
Un homme s’avance alors sur le drap.
Il est investi d’une mission cruciale. Il s’agit pour lui de compter les insectes et d’en énoncer la couleur à haute voix.
Si le vert prédomine, la récolte des olives sera bonne. Si c’est le noir, les raisins seront abondants. Le blanc augure d’une bonne récolte de blé.
Ceci fait, chacun se réjouit ou se lamente en silence selon sa production.
Commence alors le moment festif.
Les insectes ayant fait leur travail sont privés de dessert.
Les galettes changent d’estomac et sont distribuées à l’assistance accompagnées d’un chocolat fumant.
En fin d’après-midi, tout le monde rentre chez soi en attendant l’année prochaine.
Par Gérard Caubet