La transhumance, coutume ancestrale

Sans conteste, c’est une tradition qui est remise au goût du jour : depuis quelques années, de plus en plus de visiteurs et d’éleveurs sont au rendez-vous. Faire revivre les coutumes ancestrales, revêtir les costumes locaux, partager la culture du pastoralisme, cuisiner et profiter de la cuisine dite du terroir… Les vallées de nos Pyrénées s’animent dans une ambiance festive, et cette pratique ancestrale revoit le jour, il y a encore peu de temps fortement menacée par les transports en camions.

Le témoignage de Daniel, berger dans le Val d’Azun

Peut-être avez-vous déjà entendu le son de sa voix grave au détour d’une vallée, car il est un chanteur pyrénéen très apprécié dans la région.

AGUILLOND

« Voilà depuis 1977 que je suis berger… Après avoir terminé mes études, j’ai repris le troupeau et pris la relève : mes parents étaient bergers, j’ai toujours eu ça dans le sang ! C’est un grand plaisir, une passion, qui me déstresse des autres activités de l’année, et je fais aussi partie du syndicat des éleveurs du cheval breton.

Quand on parle de transhumance, il faut penser « trajet », « préparation ». Les bergers peuvent venir du village voisin ou de communes étrangères au département, avec les moutons, les vaches… Autrefois ils venaient de loin, de Lourdes par exemple. Mais maintenant le périmètre où les éleveurs transhument à pieds s’est réduit, on compte 5 à 10 kilomètres.

transhumance pyrenees

Les bergers emmènent les bêtes jusqu’aux endroits qui leur ont été attribués pour une durée de 3 ou 4 mois, contre rémunération à la commune. C’est le syndicat des éleveurs de la commune qui va fixer une délimitation.

Grâce à cette activité de pâturage, on peut se promener en moyenne montagne, dans les estives ! Sans ce travail il y aurait des ronces, des genêts, des joncs partout, impossible de se balader.

Évidemment, les bêtes ne savent pas qu’une zone leur est réservée. Donc elles s’échappent et passent dans le secteur voisin. Mais les bergers nous sommes tous en de bons termes.
Quand on retrouve une bête qui n’est pas la nôtre on va la garder dans le troupeau et on le fait savoir à l’éleveur concerné. Chacun a sa marque propre sur la laine, donc chaque utilisateur d’estive connait les marques des éleveurs et peut ainsi le signaler.

On reconnait des bêtes qui viennent de Dordogne des fois, du Lot et Garonne, du Pays Basque, des Pyrénées Atlantiques aussi beaucoup. Donc selon l’importance du troupeau elles peuvent se déplacer. Dans l’oreille, elles ont ce qu’on appelle leur numéro de sécurité sociale, à 8 chiffres, avec numéro du département, numéro de la commune et numéro d’exploitation.

Tous les 8 ou 15 jours, on remonte pour voir où est son troupeau, et on donne aux bêtes du sel, toujours au même endroit. Comme ça, celles qui sont égarées vont y revenir, elles savent que c’est là. Ça permet de les recadrer dans la zone.On dort rarement sur place comme c’est en altitude, mais souvent on va les voir au lever du jour, elles sont en général toutes là car elles aiment dormir au même endroit, et elles se rassemblent. C’est là qu’on a le plus de chance de toutes les voir !

Pour être un « bon berger », il faut aimer ses bêtes, cela permet qu’elles soient sont moins farouches, et il doit les connaitre. Il faut avoir le bon coup d’œil sur son troupeau : on n’a pas besoin de le compter, on sait que tel agneau est à telle mère, on connait leur comportement quand elles s’échappent aussi ! Et on est capable de les soigner. Parfois on a une affection particulière envers une brebis, c’est un peu la préférée, celle qui accourt plus vite que les autres, la meneuse, celle à qui on va faire porter la cloche.
Mais il faut qu’elle ait une bonne allure aussi, un bon port de tête: c’est ça qui fait que la cloche va bien sonner ! Elle permet de rassembler les moutons quand ils se cherchent. Parce que l’été, ils cherchent l’ombre, et se cachent derrière les rochers.

L’autre avantage de cette cloche, c’est que dans le brouillard, on sait où est son troupeau. Il faut avoir l’oreille aussi.

Mais être berger amène aussi à son lot de doutes parfois. Quand on n’arrive pas à soigner une bête par exemple, on se demande pourquoi, on doute. Mais il faut persévérer, car c’est aussi une passion !

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