450 km de sentier, de sueur et d’émotion !

En ce XIX° siècle finissant, alors que l’air du temps est aux ascensions hardies, une nouvelle espèce d’arpenteurs de montagne se fait jour : le randonneur au long cours. Il préfigure le  randonneur des temps modernes délaissant les sommets pour s’intéresser à l’étage d’en dessous. À l’époque, ni GR, ni refuge, ni carte ou si peu. Mais le manque ne se faisait pas véritablement sentir.
Sur les chemins, plus pratiqués qu’aujourd’hui, il se trouvait toujours quelqu’un à qui demander sa direction. Les Pyrénées sont à leur maximum de peuplement. La montagne toute entière devait résonner du pic des mineurs et des sifflets des bergers. On trouvait facilement à se loger chez l’habitant moyennant quelques pièces.

La première traversée des Pyrénées d’une mer à l’autre est attribuée au botaniste Augustin Pyramus de Candolle.

Il a pour mission de répertorier la flore de l’empire. Au cours de son périple, il recense 150 espèces rares avec leur localisation précise dont une espèce qui porte son nom. Il réunit ses notes dans un ouvrage qu’il éditera sous le titre : « Voyage de Tarbes » .

En 1917, le strasbourgeois Frédéric Parrot part de Canet pour rejoindre Saint Jean de Luz en 53 jours. Pour la petite histoire, c’est à pied qu’il fait la « marche d’approche » depuis Strasbourg en 27 jours. Idem pour le retour.

Jean Bepmale s’élance à son tour en 1905. Il est natif de Saint Gaudens, dont il est sénateur et maire pendant 37 ans. En avance sur son époque, il prend force photos au cours de ces excursions. Ses deux passions, la politique et les Pyrénées se mêlaient si intimement que son surnom, « l’ours de la montagne » résonnait dans les couloirs de la Haute Assemblée. Enchaînant des étapes de 8 à 12 H, sa traversée de Banyuls à Saint Jean ne dura que 30 jours. Pas vraiment un train de sénateur.

Il faudra attendre 1968 pour que les palois Charlie Laporte et Annie Baudéant, réalisent la première Haute route à ski du Canigou au pic d’Anie.

Quoiqu’il en soit, jusqu’aux années 50, les traversées sont rares et discrètes. Elles restent le fait de montagnards aventureux et aguerris. Il n’existe aucun topo, aucune infrastructure d’accueil, au minimum quelques cartes difficiles à se procurer.

Les choses changent en 1960 avec Francine et Jean Adisson.

Inspirés par un sentier de grande randonnée traversant les Vosges, il leur vient l’idée de relier l’atlantique à la méditerranée par un itinéraire balisé. Le GR10 était né. Le premier topo paraîtra en 1964 sur les tronçons Hautes Pyrénées et Haute Garonne.
Selon le principe universel, « toujours plus fort, toujours plus haut », Georges Véron fera sa propre traversée en 1968 et sortira le topo de la HRP (Haute Route des Pyrénées) en 1974. Les étapes y sont décrites chrono en main avec une redoutable efficacité. Sa parution est un best seller.

Il n’en fallait pas plus pour que la traversée des Pyrénées devienne un obscur objet de désir pour randonneurs.

De nombreux « Véron » ne quitteront pas les bibliothèques de salon. D’autres moins nombreux connaîtront une vie glorieuse et l’air vivifiant des cimes pyrénéennes.

Depuis, 5 itinéraires « officiels », rejoignent les deux mers : le GR10, la HRP, le GR11, le sentier de piémont et le GR1 Sendero historico.

Le GR10

C’est l’ancêtre. Il rejoint Hendaye à Banuyls en plus ou prou un mois et demi. Pour cause d’enneigement, il n’est pas praticable toute l’année dans sa partie centrale. Appartenant à la grande famille des GR, il est balisé de bout en bout et régulièrement entretenu. Il n’en demeure pas moins un sentier engagé, ne nécessitant pas de compétences particulières mais une bonne forme physique. Les dénivelés sont importants. L’itinéraire redescend souvent dans les vallées. C’est l’avantage de pouvoir se ravitailler et de découvrir la variété des villages pyrénéens.

La HRP

Départ d’Hendaye (océan) et arrivée à Banyuls (méditerranée) 40 à 45 jours plus tard.
Cet itinéraire, gravé dans le marbre par Georges Véron ne démérite pas à sa réputation. Il zigzague au plus prés de la crête frontière, passant indifféremment de France en Espagne au gré de son humeur.
Ne pas chercher de balisage. Il n’y en pas, sauf quelques emprunts épisodiques venant d’ailleurs et allant autre part.
La période estivale est celle qui convient le mieux. En début de saison, se munir de piolet et de crampons. Quelques névés récalcitrants peuvent rendre un passage périlleux. Il faut avoir le pied montagnard, savoir s’orienter et ne pas perdre le topo…

Le GR11 (Senda pyrénaïca)

Départ de Cabo de Higuer (atlantique) et arrivée à Cap de Creuz (méditerranée) 40 à 45 jours plus tard.
Créé en 1986, il s’apparente à la Haute Route des Pyrénées tout en restant toujours côté espagnol. Ne pas se méprendre sur le sigle GR. Rien à voir avec son homologue français dont il reprend également le balisage rouge et blanc. L’intendance ne devait pas être une préoccupation majeure dans l’esprit de ses créateurs. Les points de ravitaillement et les refuges ne sont pas pléthore sur le parcours. Donc prévoyance et organisation.

Le sentier de piémont

Il tient plus du fantasme que de la réalité. L’idée fondatrice est de longer les Pyrénées par le nord et toute l’année en évitant les passages enneigés. Le projet est intéressant mais n’a jamais vu le jour. Le sentier de piémont est toujours dans les cartons d’où il ressort de temps à autres comme la hausse du pouvoir d’achat au moment des élections. Les amateurs d’aventure y trouveront un terrain à défricher « à l’ancienne » avec carte, boussole et beaucoup de flair.

Le GR1 (Sendero historico)

C’est la version réussie du sentier de piémont français. Véritable voyage dans le temps, on découvre en chemin, toute la richesse insoupçonnée du patrimoine espagnol. Cet itinéraire, le plus long de tous, passe largement au Sud des Pyrénées Son point de départ se situe à Ampurias, antique port greco romain sur les rives de la méditerranée. Après avoir léché les contreforts ensoleillés des sierras pré pyrénéennes, il passe au large d’Hendaye et continue jusqu’à St Jacques de Compostelle pour terminer son périple au Cap Finistère. Il est balisé.

Quel que soit l’itinéraire choisi, traverser les Pyrénées reste une entreprise hardie. 450 Km à vol d’oiseau séparent les deux mers. La noblesse du geste est de la faire en une fois en sacrifiant à quelques rituels comme régler son altimètre à l’altitude zéro sur la plage d’Hendaye ou remplir une fiole d’eau de mer et lui faire traverser les Pyrénées.

Par Gérard Caubet

La Balaguère organise votre traversée des Pyrénées avec des durées de 7 à 9 jours pour chaque étape :

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