Deux grands groupes linguistiques bien distincts font l’originalité des parlers pyrénéens.
Le basque à l’ouest est parlé en France et en Espagne.
Les langues romanes occupent le reste de la chaîne avec toutefois plusieurs variantes : le gascon, le béarnais, le languedocien, le catalan et l’aragonais.
Basque : Pays basque français et espagnol
Gascon : Couserans Comminges vallées d’Aure et du Louron, Bigorre, Béarn (le béarnais est une variante du gascon)
Languedocien : Haute vallée de l’Aude, Donnezan Pays d’Olmes, haute vallée de l’Ariège et pays de Foix.
Catalan : Catalogne française et espagnole. Val d’Aran (avec l’Aranais). Andorre (avec le français)
Aranais : Val d’Aran
Aragonais : Aragon
La toponymie nous révèle l’existence de noyaux celtiques très anciens. Dans « la guerre des gaules », Jules César assimile à Mercure le dieu gaulois « Lug ». On le retrouve dans « Lugdunum », (anciennes appellations des villes romaines de St Bertrand de Comminges et Lyon).
Il semblerait qu’un proto basque ait été en usage dans toute l’aquitaine au V°siècle avant JC. On en retrouve des traces dans Laruns (endroit où abondent les landes) ou Aran (vallée). Il se serait ensuite latinisé.
Le Basque est la langue parlée en Euzkadi
Le terme créé au XIX° siècle désigne la nation Basque et ses 7 provinces, dont 3 en France et 4 en Espagne . « l’Euskara » est la langue officielle des autonomies espagnoles Pais Vasco et Navarre . Elle n’appartient pas à l’indo-européen, mais constitue un isolat linguistique aux origines incertaines. On la classe dans la catégorie des langues agglutinantes où le sens général est donné par l’assemblage de mots collés ensemble dans un ordre précis.
L’Euskara est le ciment culturel de l’identité basque, notament dans la 8° province constituée de la diaspora vers les Amériques et Paris
Les autres parlers pyrénéens appartiennent au groupe des langues romanes issues du latin vulgaire parlé par le peuple
Il s’est superposé à des substrats linguistiques préexistants comme le Celte ou le proto basque. Ce latin « de tous les jours » se séparera progressivement en deux branches principales entre le II° et le IX° siècle. D’une part le gallo-romain avec le catalan, le languedocien et le gascon, d’autre part l’ibéro romain avec l’aragonais, l’espagnol et le portugais. Les invasions franques, germaines et arabes viendront influencer diversement les parlers locaux. Les apports modernes sont également très importants dans un contexte où le vocabulaire rural n’est pas en mesure de nommer les mutations du présent.
Une grande disparité existe dans l’accent, la prononciation, l’emploi des mots, etc. Chaque communauté se sert de la langue comme marqueur différenciateur du voisin d’à-côté. Un effort de normalisation a été entrepris, avec pour dommage collatéral ,la création d’un fossé entre les parlers locaux et celui de la télé.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
En Espagne, le basque et le catalan sont les langues officielles des autonomies politiques. Idem pour l’aranais dans le Val d’Aran. L’aragonais a souffert de la guerre civile et n’est plus parlé que dans les vallées. En France, l’école républicaine a mis à mal les dialectes locaux. L’article 2 de la constitution stipulant que « la langue de la république est le français », vient d’être adouci en 2008 par un amendement disant « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Résisteront-elles à l’anglais, autre rouleau compresseur tournant aujourd’hui à plein régime ? La force de l’usage fera peut-être que dans quelques siècles « l’occit’anglais » sera la langue officielle des Pyrénées.
Par Gérard Caubet
Bonjour,
Votre article est très complet, il y manque cependant une précision majeure. Le gascon, le languedocien et le béarnais sont trois dialectes appartenant à une même langue : l’occitan. L’occitan est bien un dérivé du latin vulgaire (comme toutes les langues romanes, dont le français) et, tout comme l’arabe, une langue dialectale. De nombreuses variantes existent donc, comme vous l’avez signalé, mais qui conservent une base grammaticale commune. La normalisation, si elle fait perdre un peu de son âme à la langue, était nécessaire pour pouvoir la transmettre en dehors de la famille, qui en était jusque-là le seul vecteur. Toutefois, tout comme l’arabe littéraire n’est pas celui de la rue, les locuteurs natifs (dont je fais partie) conservent leur langue colorée et métissée (qui irait dire que l’arabe littéraire est la mort de l’arabe parlé ? tout le monde est habitué à cette distinction et vit très bien avec). La langue parlée à la télé est peut-être un peu moins riche mais est comprise par un plus grand nombre, un effort d’ouverture louable et indispensable à la survie de la langue. Toutefois, à chacun de transmettre en son âme et conscience les variantes dialectales qui font le charme de l’occitan.
Bonjour,
Vous me semblez être une connaisseuse avertie du sujet linguistique. J’ai effectivement manqué de précision dans mon propos. S’agissant d’un extrait d’un article plus long, le paragraphe sur l’occitan a dû faire les frais d’un copier collé malencontreux. Personnellement je parle Béarnais appris dans la famille. (un locuteur natif comme vous). Malheureusement, je n’ai rien transmis à ma fille. Peut-être savez-vous qu’il existe dans les Pyrénées, des langues rares comme le « cheso » parlé par les seuls habitants de Hecho, petite vallée espagnole aux confins de l’Aragon et de la Navarre. Avez-vous aussi entendu parler du langage sifflé des « siffleurs d’Aas ». c’est un petit village, près de chez moi, en vallée d’Ossau. Les derniers ont malheureusement disparu, il y a peu de temps sans transmettre. Je pense sous peu faire un article sur le « Cheso » et les siffleurs d’Aas.
Gérard Caubet