La guerre du Madres n’aura pas lieu.
Le massif du Madres s’élève aux confins des Pyrénées orientales et de l’Aude dont il est le point culminant.
Malgré son altitude modeste 2469 m et son allure avachie, il est particulièrement prisé des randonneurs pour son caractère sauvage, la beauté de son panorama et son accès facile.
Seul bémol, le climat du Madres est rude et capricieux. Le sommet peut être rapidement accroché par les nuages et le vent glacial, obligeant les randonneurs à battre fissa en retraite.
Sur le versant Est, Groupama, groupe d’assurance mutualiste, est propriétaire du domaine de Cobazet.
1900 hectares de montagne. On pourrait s’en étonner si ce n’était sans connaître l’organisation de chasses privées pour quelques « huiles » et autres « dessus de panier ».
Jusqu’à peu, la cohabitation avec les randonneurs était admise sinon tolérée. Tout aurait pu rester dans l’ordre, sans la réhabilitation du refuge du Cailllau près du col de Jau sur la commune de Mosset. Redoutant un afflux de randonneurs, Amaury Cornut Chauvin président de Groupama, interdit la traversée du domaine de Cobazet et de fait l’accès au Pic de Madres.
L’ire des randonneurs de tout poil ne se fait pas attendre.
Nombreux sont ceux qui bravent l’interdit au risque de se faire verbaliser.
Une marche de protestation est prévue le 29 septembre 2012.
Certains élus montent au créneau, notamment Christian Bourquin, Président de région et du PNR (parc naturel régional des Pyrénées catalanes). Féru de montagne, il prend résolument le parti des randonneurs et autres usagers des lieux.
Pour la circonstance, les défunts Contes de Barcelone sont invités au débat. On ressort de la poussière l’article 72 des Usadjes de Barcelone, dite Loi Stratae. Datant de 1068 et confirmée en droit français en 2004 par le Garde des Sceaux il stipule l’impossibilité pour quiconque d’aliéner routes et chemins publics.
Voir le reportage vidéo de France 3 Pays Catalan sur la libération du Madres.
Devant la vindicte publique, Groupama fait machine arrière la veille de la manifestation du 29 septembre en ayant au passage altéré son image et égratigné ses valeurs mutualistes.
Les vainqueurs de ce bras de fer n’hésitent pas à pasticher le fameux discours du général De Gaulle lors de la libération de Paris. « Le Madres occupé, le Madres libéré ».
Par Gérard Caubet