Le 1er novembre 2004, sur les hauteurs d’Urdos, en Vallée d’Aspe, la journée s’annonce belle.
Cannelle, dernière ourse de souche pyrénéenne est de sortie accompagnée de son fiston Cannelito, fruit de ses amours avec Néré, le beau slovène.
Dans le même secteur, le chasseur René Marquèze participe à une battue au sanglier.
Le décor du drame est planté. La rencontre de l’homme et de l’ourse se fera au détour d’un sentier, les yeux dans les yeux, dans le huis clos de la forêt.
Une balle part. Cannelle est mortellement touchée. Son ourson s’enfuit.
Cannelle était la dernière femelle de souche autochtone.
Désormais, la montagne pyrénéenne est orpheline de ses ours.
Son ourson a survécu, malgré son jeune âge.
L’affaire connaît des suites judiciaires avec en filigrane la guerre de l’ours qui oppose les pour et les contre de la réintroduction du plantigrade.
Le chasseur, René Marquèze, est relaxé en avril 2008, le tribunal reconnaissant « l’état de nécessité ». Cette pirouette sémantique est une spécificité juridique française qui autorise à enfreindre la loi quand on ne peut pas faire autrement.
Il a toutefois été condamné en septembre 2009 à verser au civil 11 000 € aux associations de protection de l’environnement.
Son pourvoi en cassation est rejeté en juin 2010.
Après plusieurs années passées sous scellés dans un congélateur toulousain, le corps de Cannelle est en cours de naturalisation.
L’affaire n’est pas simple, certaines parties du corps ayant été abîmées par le bec des vautours.
Cannelle sera visible en 2013 au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse. Elle y sera exposée en compagnie du squelette de Papillon, autre ours pyrénéen mâle décédé la même année de mort naturelle sur les hauteurs de Luz-saint-sauveur.
Par Gérard Caubet